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Le
FA-MAS 5,56 F1, treize ans après...
Lorsque
l'armée française décida de passer au calibre 5,56 mm, il y
a près de vingt ans, elle suscita de nombreux psychodrames!
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En
effet, à la suite du succès éclatant de
la munition du M.16 américain, tous les inventeurs et
fabricants d'armes légères occidentaux avaient
des prototypes chambrés en 5,56 mm prêts à
l'industrialisation, ou déjà disponibles sur le
marché, pour certains d'entre eux.
Parmi les concurrents du FA-MAS, la société américaine
Colt proposait le fusil M.16, guéri de ses maladies de
jeunesse et arrivé en pleine maturité (il en a
été fabriqué plus de cinq millions d'exemplaires
depuis), Heckler-und-Koch faisait fabriquer sous licence, pour
l'exportation, à la MAS, son fusil HK-33, qui commençait
timidement à être diffusé en Afrique et
en Amérique du Sud et SIG avait concédé
la licence de son modèle 540 à emprunt de gaz
à Manurhin, à Mulhouse.
Parmi ces différents modèles commercialisés,
le M.16 de Colt, fonctionnant par emprunt de gaz, était
non seulement en service aux Etats-Unis, mais encore à
Taiwan, en Indonésie, en lsraël, en Corée
du Sud, au Liban, en Malaisie, en Nouvelle-Zélande, aux
Philippines, à Singapour et au Viêt-nam.
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Le
HK 33 n'était connu, en 1976, par le " Jane's lnfantry
Weapons ", que pour être en usage en Malaisie, concurremment
au M.16 et au Beretta AR.70.
Depuis, le HK 33 a fait son chemin et il est aujourd'hui utilisé
au Brésil, au Chili, au Ghana, en Grèce, au Portugal,
au Salvador, en Arabie Saoudite et en Thaïlande, selon
la dernière édition du même ouvrage de référence.
Quant au SIG modèle 540 et à ses variantes, il
n'avait pas encore commencé sa véritable carrière
commerciale, mais, entre-temps, il est devenu un classique des
"petites guerres" coloniales, étant en service
au Burkina Faso, au Cameroun, en République Centrafricaine,
à Djibouti, en Equateur, transitoirement en France, en
attendant les FA-MAS, en Indonésie (un de plus), au Nigeria,
à Oman, au Paraguay, au Sénégal, aux Seychelles,
au Swaziland, au Togo et au Zaïre.
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Les essais et expérimentations de l'Armée française
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Lorsque
l'Armée française organisa sa campagne d'essai
pour la sélection du nouveau fusil de 5,56 mm, selon
les rumeurs qui filtrèrent à l'époque,
le HK-33, traité dans un autre article, était
initialement le favori, mais le M.16 américain "fit
un malheur", tandis qu'un prototype révolutionnaire
conçu à la MAS, l'établissement du GIAT
à Saint-Etienne, l'ancêtre du FA-MAS, suscita l'étonnement
général par son comportement prometteur.
Ce modèle fut bientôt adapté face à
la concurrence étrangère, mais il nécessita
encore de longues années de mise au point, pour son industrialisation
notamment.
Pendant ce temps, la terre tournait et nos forces armées
durent affronter des situations où la puissance de feu
des MAS 49-56 de 7,5 mm s'avéra manifestement inférieure
à celle des AKM soviétiques de 7,62x39 qui leur
étaient opposés.
La coopération avec Heckler-und- Koch ayant pris fin
avec la sélection du FA-MAS, ce fut Manurhin qui prit
le relais au Sig une certaine diffusion, transitoirement, à
la fin des années 1970.
Cette
situation nourrissait les controverses les plus vives au point
que la rédaction de " Cibles " nous demanda,
en juillet 1981, d'essayer le FA-MAS in situ afin de rétablir
la vérité le concernant sur le plan technique.
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Nos
conclusions furent très positives ("excellente
arme de guerre compacte, facile à démonter,
robuste, précise, fiable et efficace, tant en coup
par coup que par rafales"), avec, comme points négatifs,
l'absence d'avertisseur de fin de chargeur ou d'indicateur
de chargement et la conception du logement du chargeur.
Nous
n'avions évidemment pas traité des prix de revient,
leur évaluation dépendant de plusieurs facteurs
industriels échappant à notre analyse.
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Le FA-MAS 5,56 Fl, aujourd'hui
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Notre
participation à un programme industriel d'expérimentation
impliquant l'usage du "Clairon" nous conduisit,
par la suite, à tirer plusieurs centaines de coups
(500 environ) en précision avec diverses armes de ce
type pendant deux années environ.
Ces
tirs répétitifs nous ont confirmé la
précision et la fiabilité de cette arme, ainsi
que la qualité exceptionnelle de ses organes de visée.
Sur
le plan négatif, les chargeurs se sont quelquefois
révélés difficiles à mettre en
place sur certains spécimens neufs (cela s'améliore
par la suite, il est vrai) et nous persistons à déplorer
l'absence au moins d'un indicateur d'armement.
En ce qui concerne l'avertisseur de fin de chargeur, une nouvelle
tendance se dégage parmi les usagers militaires, à
l'instigation des Soviétiques et des Allemands, selon
laquelle le maintien de la culasse ouverte lorsque le chargeur
est vide, serait à l'origine d'incidents de tir en
campagne résultant de l'introduction intempestive de
corps étrangers dans le mécanisme.
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Utilisant
exclusivement nos armes au stand de tir, nous ne sommes pas
en mesure d'en juger.
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Sur
le plan commercial, le FA-MAS 5,56 Fl s'est heurté
essentiellement à la concurrence de modèles
plus économiques, comme les AKM des pays de l'Est,
à celle de l'éternel M.16 jouissant d'un incontestable
prestige, moins onéreux et diffusé avec l'appui
de l'Etat américain, des Beretta, FN-C, SIG et Heckler-und-Koch
de 5,56 mm, qui ne sont apparemment pas parvenus à
s'imposer auprès de nations majeures, malgré
d'honorables succès commerciaux et,
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surtout,
à celle du Steyr A.U.G., situé dans la même
gamme de prix, qui offre une construction modulaire, des canons
interchangeables et une lunette en base, cette dernière
caractéristique suscitant depuis l'origine l'enthousiasme
des uns et l'ire des autres... Selon la plus récente
édition du Janes's lnfantry Weapons, le FA-MAS 5,56
Fl serait aujourd'hui exporté à Djibouti, aux
Emirats arabes unis, au Gabon et au Sénégal.
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La construction du FA-MAS 5,56 Fl
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L'arme,
qui équipe maintenant la quasi-totalité
des unités d'active, a fait l'objet de multiples
descriptions techniques.
Rappelons néanmoins qu'il s'agit d'un fusil "
tout à l'arrière ", ce qui permet
de réaliser une arme très courte comportant
toutefois un canon de 525 mm, frein de bouche compris
(488 mm seul).
Le mécanisme est du type à ouverture retardée
(ou à " amplificateur d'inertie ").
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Au
tir, un levier amplificateur d'inertie à course
angulaire de 450 refoule la masse additionnelle sous
la poussée de la culasse, ce qui assure le retrait
du percuteur, l'extracteur, l'éjection, la présentation
de la cartouche suivante et la compression du ressort
récupérateur.
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Un
amortisseur freine la phase ultime de la course en arrière
de la culasse.
Dans la course en avant qui s'ensuit, la nouvelle cartouche
est introduite dans la chambre et la culasse se ferme sous
l'action du ressort récupérateur, tandis que
le retour en batterie de la masse additionnelle ramène
le levier amplificateur de recul en position verticale.
Le mécanisme de détente comporte deux sélecteurs,
coup par coup et rafales continues d'une part, et rafales
de trois coups, de l'autre.
Cette disposition permet de maintenir le bon fonctionnement
du mécanisme de base, même si le limiteur de
rafales est hors d'usage.
L'ensemble récupérateur est étanche et
graissé "à vie ".
L'arme passe pour être extrêmement robuste et
bien adaptée au lancement des grenades, facteurs importants
au combat, mais elle est relativement complexe, comporte des
composants onéreux à produire et son démontage
est moins simple que celui d'autres modèles concurrents.
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La
mise en uvre
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Dans
la conception du FA-MAS, c'est la compacité qui
prévaut, avec une mise en oeuvre ne nécessitant
aucune opération préalable, le levier
sûreté-sélecteur étant placé
sur la position appropriée et la chambre étant
alimentée.
Cette
exceptionnelle compacité évite l'emploi
des crosses repliables fragiles, encombrantes ou d'emploi
peu agréable, qu'il faut tirer ou déplier
pour épauler.
De plus, l'arme est pourvue d'une ingénieuse
bretelle en sangle permettant un tir rapide à
la hanche ou à l'épaule.
Les chargeurs s'enfilent verticalement dans leur logement,
comme ceux d'un pistolet, ce qui est moins commode que
le système à bascule normalisé
OTAN.
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Ils
sont faciles à garnir, même sans l'outil ad hoc
livré avec l'arme.
Pour armer, il faut tirer en arrière le levier d'armement
de grandes dimensions protégé par la poignée
de transport et le laisser revenir. Il se déplace au
tir. Ce levier est plutôt raide à manipuler et
la culasse produit un claquement "très militaire"
en se fermant.
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Lorsqu'il
est tourné à droite, le levier de sûreté-sélecteur
situé dans le pontet permet le coup-par-coup, il est
en sûreté sur sa position centrale et en tir
automatique, à gauche.
Un autre levier placé sous la crosse, repéré
"O" et "3", permet le tir par rafales
de trois lorsqu'il est placé sur cette dernière
position.
Il
faut le mettre sur "O" pour le coup-par-coup et
les rafales continues. Le FA-MAS est conçu pour être
équilibré sur la poignée pistolet, ce
qui permet de le tirer éventuellement d'une seule main,
à la hanche, en cas de surprise à courte distance.
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A
l'épaulé, la deuxième main empoigne
le fût largement dimensionné, en avant
du pontet. Ceci vaut pour les droitiers, comme pour
les gauchers, car l'arme est intégralement ambidextre,
le levier d'armement étant en position centrale,
sous la poignée et la fenêtre d'éjection
pouvant être inversée à l'aide d'un
cache amovible.
Lorsqu'on le tient à deux mains, le FA-MAS est
un peu chargé de l'arrière, contrairement
à beaucoup de fusils d'assaut classique.
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Pour
viser naturellement en position debout, il faut, lorsqu'on
l'épaule, pencher la tête en avant pour
placer l'oeil directeur instantanément dans l'alignement
des organes de visée.
On dégage le bipied en tirant vers l'arrière
chacun de ses deux éléments et en les
dépliant vers le bas jusqu'à ce qu'ils
viennent en butée.
L'arme ainsi calée est extrêmement stable,
tant en coup par coup qu'en tir automatique.
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Des
organes de visée remarquables
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Lorsque
les deux oeilletons extrêmes sont normalement relevés,
on vise à travers le plus petit, de ø 1
mm environ (ø 0,98 mm sur notre spécimen),
qui est prévu pour le tir de précision.
Le
rebattre vers l'avant pour utiliser l'oeilleton de combat
(ø 2,9 mm), nettement plus aéré.Dans
ces deux oeilletons, on aligne le guidon rectangulaire
normal, large de 1,8 mm.Le guidon est réglable
en dérive par vis et la hausse, en site, à
l'aide d'un bouton moleté.Ces organes de visée
sont repérés tous deux par des traits blancs
et le bouton de la hausse, par des chiffres.
La
ligne de mire, protégée par la poignée
de transport, est longue de 319 mm avec l'oeilleton de
combat.
Pour
le tir de nuit, on abaisse les deux oeilletons normaux,
afin de dégager l'oeilleton de nuit de ø
9,7 mm et l'on masque le guidon de jour en relevant l'oeilleton
de nuit à point phosphorescent de ø 1,8
mm.
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Le
tir direct et indirect à la grenade de 500 g avec
emmanchement de ø 22 mm est prévu.
Pour le tir direct, on utilise une hausse spéciale
ouverte à planche rabattable verticale réglée
à 75 et 100 m et, pour le tir indirect, on a recours
à une alidade montée devant le levier d'armement,
dont les deux positions correspondent, d'une part, à
140-360 m et, d'autre part, à 70-180 m de portée.
Ces organes de visée sont remarquables et, à
notre avis, les meilleurs du type métallique que
nous ayons essayé.
L'arme
tire culasse fermée en coup par coup et par rafales
et le départ est à deux bossettes. Celui
de notre spécimen d'essai comportait une première
bossette longue de 5 mm, plutôt raide, dont le poids
maximal atteignait 2 kg en fin de course.
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Suivait
un parcours assez mal délimité de 3 mm environ,
avec une pression résiduelle de l'ordre de 1,600
kg (deuxième bossette), qui s'achevait dans un
lâcher équivoque.
C'est ce que l'on appelle "un départ de sécurité",
dans toute l'acception du terme, mais il n'est pas pire
que celui de nombreuses AKM, pour ne pas mentionner certaines
productions beaucoup plus onéreuses occidentales.
Que cette affligeante description du départ de
notre spécimen ne fasse toutefois pas frémir
le lecteur puriste car, lorsque l'arme est montée
sur son bipied ou lorsqu'on l'utilise, debout, en tir
de combat rapide au commandement, il n'empêche pas
de réaliser d'honorables, prestations avec un peu
d'entraînement, à condition de "passer"
délibérément la première bossette.
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Notre
essai:
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Même
s'il n'est pas beau, le " Clairon ", comme on
appelle familièrement le FA-MAS, fait bonne impression
lorsqu'on le prend en main et l'on a tôt fait d'apprécier
ses qualités ergonomiques exceptionnelles.
Il est un peu lourd, à 4,150 kg chargé,
mais il est bien équilibré et d'un maniement
agréable.
Nous avons essayé notre spécimen avec des
cartouches commerciales américaines Fédéral
à balles de 3,6 g, conformes à la norme
SAAMI, pour raison de disponibilité immédiate.
Notre "Clairon" était alésé
au pas de 305 mm, conformément à la notice.
Tirant couché, au bipied, avec l'oeilleton de précision,
Jean-Pierre réalisa à 50 m un superbe groupement
de cinq balles de H 46 x L 33 mm.
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Passant
à 100 m, les résultats furent décevants,
ce qui tend à démontrer la relative
incompatibilité de notre spécimen
militaire avec la munition commerciale utilisée.
En effet, le FA-MAS essayé en 1981, tirant
des munitions réglementaires françaises,
avait permis de réaliser à 100 m,
à l'oeilleton et au bipied, des groupements
étonnants de 55 x 45 mm, 60 x 65 mm et 60
x 66 mm et, depuis, avec d'autres spécimens,
des groupements non aussi précisément
relevés, mais du même ordre.
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Essayant
ensuite notre spécimen debout sans appui
à 25 m par rafales de trois au commandement,
nous avons constaté que celles-ci tenaient
dans la demi-silhouette militaire.
Tirant couché, au bipied, avec l'oeilleton
de combat, à 50 m, nous avons placé,
en rafales continues, environ les 2/3 des coups
dans la demi-silhouette militaire, à 1000
coups/minute, rappelons-le!
Comme il faut s'y attendre pour une arme de guerre
adoptée par une nation majeure, le fonctionnement
fut sans défaut au long des séries.
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Après
une décennie d'usage généralisé,
le FA-MAS 5,56 Fl s'est avéré
être une arme précise et fiable,
bien qu'onéreuse, comptant parmi les modèles
les plus compacts et les mieux au point du marché
mondial.
Agréable
au tir, il est particulièrement stable
lorsqu'il est utilisé par rafales avec
son bipied. Son
système d'oeilletons est absolument remarquable.
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Raymond Caranta et Jean-Pierre Briole
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