"Le Famas à l'épreuve du terrain" Article N°265



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Le FAMAS à l'épreuve du terrain

Après les inévitables erreurs de jeunesse, le FAMAS se révèle être, aujourd'hui, l'un des meilleurs fusils d'assaut du marché international.

En 2004, cela va faire près de 25 ans que le FAMAS est en service dans l'armée française. Comme toute nouvelle arme, le FAMAS a suscité des réactions passionnelles, certains le parant de toutes les vertus et d'autres trouvant que sa place était plus au fond des poubelles que sur les champs de bataille. Malheureusement pour eux, la plupart des critiques du FAMAS n'ont jamais eu à l'utiliser sur le terrain. Leurs essais se sont déroulés soit sur des pas de tir, soit lors de démonstrations officielles où généralement les armes présentées se comportent admirablement. Selon notre expérience personnelle, une arme commence à laisser entrevoir ses faiblesses et ses points forts au bout de 2 voir 3 mois d'utilisation. En deçà de ce laps de temps et sauf si l'arme est particulièrement médiocre, on a des difficultés à se faire une idée correcte de la question. Nous allons donc tenter de démystifier les soit-disants avantages et inconvénients du FAMAS car pas mal de bêtises ont été écrites à ce sujet.

Alors que le FAMAS n'était pas encore en service, certains le critiquaient déjà et demandaient que l'on dote définitivement nos troupes du SIC 540, arme devant faire la soudure entre le couple FSA 49/56-MAT 49 et le FAMAS. Le SIC 540 est en fait une arme dangereuse et totalement inadaptée au combat. Rapidement, nous dirons que son démontage-remontage de nuit s'avère pratiquement impossible, sa chambre se fissure au bout de quelques centaines de cartouches tirées et les étuis se collent à celle-ci, quant à son canon il est juste bon à faire du tir " dans les coins ".

L'HK 33, arme allemande un instant pressentie afin d'en doter l'armée française, n'est pas non plus fameuse (levier d'armement dur, détente dure et organes de visée inadaptés au tir réflexe). Le succès des ventes de cette arme à l'étranger est plus dû aux vendeurs (et aux commissions?) qu'à ses qualités.

La question de se doter d'une arme 100 % française ne se posait donc plus.



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La goutte d'eau qui fait exploser le canon?
Le diamètre du canon du FAMAS étant plus petit que ceui d'une arme chambrée en 7,62 mm, certains ont émis l'hypothèse que sous l'action de la pluie ce même canon se remplirait d'eau rendant impossible le tir, à moins d'envisager de voir le canon de notre arme éclater sous l'effet d'une trop forte pression. Ce genre d'hypothèse est bien caractéristique du fait de personnes n'ayant jamais eu à crapahuter sous la pluie une arme à la main. Quel que soit le fusil qu'il utilise, le soldat à été instruit pour toujours penser à protéger le canon de son arme, par conséquent, en cas de pluie, l'arme n'est jamais portée en bandoulière ou à la bretelle, ouverture vers le haut. Au Viêt-nam, les Américains avaient doté leur M 16 d'un bouchon en plastique qui venait recouvrir l'extrémité du canon; or, ceci n'est absolument pas nécessaire.
Nous n'avons jamais vu, notre vie durant, une arme dont le canon se remplisse d'eau sous l'effet de la pluie même lorsque celle-ci tombe sans interruption pendant trois jours. Quant à la traversée des rivières, toute recrue bien formée sait qu'elle doit retirer le chargeur de son arme, ouvrir la culasse faire égoutter l'arme une fois parvenue à la terre ferme. Il a été procédé à des expériences et jamais le canon du FAMAS n'a explosé sous l'effet de l'eau. Il nous faut définitivement enterrer le mythe de la goutte d'eau qui fait éclater le canon.



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Le chargeur : une capacité suffisante
Le chargeur du FAMAS d'une capacité de 25 cartouches, est largement suffisant à ceux qui trouvent cette capacité insuffisante, c'est qu'ils n'ont fait la guerre. Un chargeur de 40, 50 voire plus, est inutile et ne vous procure qu'un avantage théorique sur votre adversaire. Le talon d'Achille d'un chargeur c'est son ressort. Plus le chargeur peut contenir de munitions et plus ce ressort est dur. Par conséquent, plus difficiles et longues sont les opérations de recomplètement en munitions des chargeurs. 9 fois sur 10, les chargeurs à très grandes capacité ne sont jamais garnis entièrement raison de la difficulté à le faire et incidents de tir que cela occasionne. Supposons que deux adversaires aient à regarnir leur chargeur au même moment: en principe, celui qui dispose d'un chargeur de 25 coups aura fini avant celui qui en possède un de 40 coups, sauf si ce dernier ne le remplit qu'à 25 coups et, dans ce cas, à quoi cela sert-il d'avoir une capacité de 40 coups si ce n'est que pour devoir remplir son chargeur à 25 coups?	Certains vont penser que le chargeur de 25 coups sera vidé avant celui de 40 coups et que par conséquent cela revient au même. Cela n'est pas entièrement faux mais il faut savoir que regarnir un chargeur demande beaucoup plus de temps que de le vider. Un chargeur trop long entraîne le fait qu'en position couchée son utilisateur offrira une belle cible aux coups de l'ennemi, alors qu'un chargeur plus petit permet d'obtenir une silhouette plus ramassée. Le bipied du FAMAS constitue aussi un facteur visant à limiter la capacité du chargeur en position couché, sauf si l'on décide de s'en passer. Quant aux chargeurs transparents ou munis de trous permettant de compter le nombre de cartouches restantes, ils ne servent à rien. De plus, les trous sont un facteur d'incidents de tir car ils permettent à des corps étrangers de pénétrer à l'intérieur des chargeurs.



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La configuration du FAMAS
Le Famas en virtuel	Le levier d'armement du FAMAS est excellent, il est facile à actionner et son emplacement sous la poignée garde-main lui évite de s'accrocher au brelage et aux obstacles comme les branches par exemple. Il n'y a rien à redire du sélecteur de tir, sa position en avant de la détente en permet l'utilisation aussi bien pour les gauchers que pour les droitiers.	L'emploi d'un bipied n'est pas indispensable mais son grand avantage est de permettre de conserver l'arme pointée sur un objectif même si le tireur " se repose " Rien à dire sur la poignée pistolet, elle est correcte; par contre, le fût est un peu trop large. Le FAMAS est doté d'un limiteur de rafales - cahier des charges oblige- limiteur qui remplit parfaitement son emploi. Personnellement, nous sommes totalement opposés à l'adoption d'un limiteur de rafale sur un fusil d'assaut car cela ne sert strictement à rien. N'importe quel soldat est capable d'effectuer des tirs par courtes rafales et si par hasard certains en seraient incapables, il est préférable qu'ils se reconvertissent dans la vente de bananes sur le marché.
La détente est comme toutes les détentes militaires: dure, à quand les détentes " civiles " sur les armes de guerre. Il faudrait que les fabricants cessent, une bonne fois pour toutes, de penser que le combattant va presser par réflexe la détente de son arme au moindre bruit suspect. Le bipied du FAMAS n'est pas réglable comme c'est le cas sur tous les fusils d'assaut en service actuellement. Il n'empêche que ce bipied est ce qui se fait de mieux actuellement.



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Le soldat a autre chose à faire qu'à passer son temps à tripoter des leviers et des sélecteurs lors du tir. Un limiteur de rafale nécessite un plus grand nombre de pièces sur l'arme, ce qui la fragilise. D'autre part, lorsque vous faites de courtes rafales, il n'est pas nécessaire de ramener la détente sur la première bossette qui est dure, vous pouvez jouer avec la deuxième moins dure. Par contre, avec le limiteur, vous devez impérativement revenir à la première bossette. Où se trouve l'avantage d'une meilleure précision avec un limiteur de rafales?

La poignée garde-main permet de transporter le FAMAS confortablement, son point d'équilibre se situant sur sa partie arrière. Seul léger problème des fissures qui apparaissent au niveau de ses "oreilles" et le fait qu'elle est parfois dure à placer sur le corps du fusil.

La chambre cannelée du FAMAS est excellente mais le canon devrait être plus étoffé car il chauffe beaucoup trop, ce qui n'entraîne pas un problème de "cock of" mais a tendance à faire fondre certaines pièces de la poignée garde-main.……….

Organes de visée et accessoires
Les organes de visée du FAMAS sont excellents, le système d'oeilleton est unique. Nous n'aimons pas le coulisseau de tir de nuit car nous trouvons que la pastille luminescente "tue" la vision nocturne. Certains y sont pourtant parfaitement adaptés et n'éprouvent aucune difficulté pour le tir de nuit. Certains regrettent que le FAMAS ne dispose pas d'une lunette de tir dans sa version de base alors que l'AUG 77 et le SA 80 anglais en sont dotés. Une lunette de tir se révèle supérieure aux organes de visée classique (oeilleton-guidon) en position de tir au posé, par contre, dans le cadre du tir réflexe, ce sont ces derniers qui surpassent la lunette de tir. Une lunette de tir est aussi plus fragile que les organes de visée classique. Le tir sous la pluie ou dans le froid n'est pas évident avec une lunette de tir. Nous préférons le système FAMAS de visée à l'adoption du système lunette de tir, par contre, nous pensons qu'il serait bon que chaque groupe de combat soit muni de deux lunettes à intensification de lumière (IL) pour le tir de nuit.



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Les porte-chargeurs, brelage et ceinturon FAMAS sont corrects. La trousse d'entretien du FAMAS, par contre, est indigne d'une telle arme, son système d'ouverture vers le haut empêche son utilisateur de se saisir facilement des accessoires qui, eux non plus, ne sont pas de bonne qualité, notamment la-baguette à 5 brins qui casse comme du verre pour peu qu'on force légèrement dessus.		Cette trousse est à changer. Regrettons aussi que le FAMAS ne dispose pas d'une baïonnette originale mais de celle à peine modifiée du FSA 49/56. La bretelle du FAMAS est actuellement la meilleure disponible sur le marché. Elle permet à la fois le transport de l'arme et le tir avec celle-ci dans des configurations différentes adaptées à la situation.

Le système de tir des grenades
Le système de tir des grenades est un autre point fort du FAMAS. Les armes françaises ont de tous temps excellé de ce point de vue. Souvenons-nous du FSA 49/56 qui fut la meilleure arme de sa génération pour le tir des grenades. Les systèmes adoptés par les concurrents du FA-MAS nous satisfont moins bien. Par contre il faut regretter le fait que, durant plusieurs années le tir des grenades, à l'aide du FAMAS, n'a pas été possible à cause des problèmes de grenades qui n'étaient pas encore au point, notamment le système de piège à balle. Le FAMAS connut aussi pas mal d'autres petits problèmes comme le fait que les fenêtres d'éjection n'étant pas assez dimensionnées, entraînaient un grand nombre d'incidents de tir.



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Aujourd'hui, tous ces petits problèmes sont résolus. Si les ingénieurs n'avaient pas été tenus par les délais de mise en service du FAMAS, nous pouvons penser que le FAMAS n'en aurait pas été la victime.

Nombreux sont ceux qui regrettent que le FAMAS ne dispose pas d'un système permettant à la culasse de rester en position ouverte en fin de chargeur. Nous ne partageons pas leur point de vue pour plusieurs raisons lorsque vous appuyez sur la détente de votre arme et qu'il n'y a pas de départ de coup, vous devez, dans tous les cas de figure, retirer le chargeur de votre arme; par conséquent, vous verrez bien qu'il est vide.

D'autre part, lorsque la chambre d'une arme reste ouverte, cela facilite l'introduction de corps étrangers (sable, débris...) à l'intérieur de celle-ci, ce qui favorise les incidents de tir. L'AK 47 qui est le plus fiable des fusils d'assaut, n'est pas muni d'un dispositif d'ouverture automatique de culasse en fin de chargeur. Quant à l'indicateur de chargement, celui qui n'est pas capable de se souvenir s'il a mis ou non une cartouche dans la chambre de son arme, ferait mieux, lui aussi, de changer de métier.

Autre point fort du FAMAS, son démontage-remontage ainsi que sa fonction ambidextre (on passe d'une configuration droitier à une configuration gaucher rapidement et on ne rencontre aucun problème pour l'emploi du FAMAS dans l'une ou l'autre de ces configurations).
Le FAMAS est une arme excellente. Son seul inconvénient, et il est majeur, est dû à son prix qui est trop élevé pour avoir des chances d'être acheté à l'étranger.

Olivier Ginoux

	à suivre:
	Le FA-MAS 5,56 F1, treize ans après ...